Paris - Roubaix

Tergiverser n'est pas gagner

Paris-Roubaix 2014 (257km), le 13/04/2014

Jusqu'à la trouée d'Arenberg, on était plutôt tranquille. Y'avait de la poussière partout et ça faisait joli avec les champs de colza autour. Puis Boonen a décidé de faire de ce Paris-Roubaix un espèce de truc grandiose et mythique, pas juste joli. Le belge a attaqué à plus de soixante bornes de l'arrivée. Ça, pour t'exploser une course, y'a pas mieux qu'un favori qui attaque à soixante bornes de l'arrivée. Boonen a passé quarante bornes à rouler comme une bûche et à râler comme une poissonnière sur ses compagnons d'échappée qui en foutaient pas une. Derrière, dans le peloton, ça a un peu pinaillé pendant vingt-cinq kilomètres. Et qui c'est qui roule, et qui c'est qui roule pas ? Tiens nous on roule, et puis en fait non. Quelqu'un d'autre ? Oui, nous on veut bien un peu. Mais pas trop. C'est à qui maintenant ? Sagan, la tergiversation, ça lui a pas convenu. Il est parti à trente-cinq bornes du vélodrome. Du coup, plein d'autres se sont dit que oui, finalement, eux non plus, ça leur convenait pas du tout. Là, on a plus rien compris, y'en avait partout, ça faisait de gros nuages de poussière qui faisaient jolis avec les champs de colza autour. Ce qu'on sait, c'est qu'à neuf kilomètres de l'arrivée, on s'est retrouvé avec un groupe à l'avant qui ressemblait drôlement à une sorte d'Olympe du vélo sur pavé. Boonen, Sagan, Cancellara, Vanmarcke, Degenkolb, Terpstra, Stybar, Langeveld, Wiggins, Thomas et un autre qu'on s'en fout. Grandiose. Tout le monde se surveillait comme si les autres, c'était du lait sur le feu. Terpstra, il s'est dit qu'après tout pourquoi, il doit pas y avoir cinquante occasions dans une vie de gagner un Paris-Roubaix. Alors bim !, il est parti. Derrière, tout le monde hurlait ! Vite, vite, il faut y aller, il faut pas le laisser partir ! Vas-y toi. Non, toi. Et pourquoi pas lui ? Qui, moi ? Oui. Ah moi non, si j'y vais, après, vous allez me mettre un contre dans la tête, vas-y toi. Ben non, moi pareil que toi. Alors Terpstra, tranquille, les doigts dans le pif, il s'est fait un petit contre-la-montre de six kilomètres. Tellement il était heureux de gagner, ça lui a mis des trémolos dans la voix et des larmes au coin de l’œil. Tepstra qui gagne le Paris-Roubaix, c'était trop bien. Moi, maintenant, toute ma vie, j'aimerai bien Terpstra. Et Boonen aussi pasque j'aime bien les poissonnières.


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